Regard sur l'histoire de l'humanité

Dernière mise à jour le 9 juin 2020

Les informations synthétisées dans cette partie sont extraites du livre Sapiens - Une Brève histoire d’humanité de Yuval Noah Harari.

L’origine de l’humanité : nos ancêtres les chasseurs-cueilleurs

Les premiers signes de vie apparaissent sur Terre il y a près de 3,8 milliards d’années, environ 1 milliard d’année après la formation de la planète. Le fruit d’un hasard, si l’on considère la probabilité d’occurrence d’une telle situation. Le miracle de la vie germe. Les premiers organismes vivants (virus, bactéries…) se transforment progressivement en différentes espèces vivantes selon des « mécanismes » internes de plus en plus complexes. De nombreuses espèces végétales et animales se déploient et se succèdent sur l’ensemble de la planète, dans les mers, sur terre et dans le ciel.

De ce foisonnement de vie émergent il y a environ 2 millions d’années, plusieurs espèces similaires descendantes des grands singes : les Humains. Dénomination qui signifie « animal appartenant au genre Homo ». Ces espèces encore appelé « chasseurs-cueilleurs » en raison de leurs modes de subsistance, ont la particularité commune d’être doté d’un cerveau de plus grande taille que les autres espèces animales. Elles marchent debout, sur leurs deux pattes arrières. Elles sont organisées en tribu, pour assurer leur survie et leur descendance. Elles se déplacent selon leurs besoins vitaux : alimentation, protection... Elles élaborent des stratégies de survie élaborées. Elles se nourrissent de végétaux et d’animaux. Elles créent des outils. Elles réalisent des œuvres artistiques. Elles colonisent une grande partie des territoires terrestres de la planète. Elles chassent du gibier de plus en plus gros. Elles s’élèvent si rapidement au sommet des écosystèmes que ceux-ci n’ont pas le temps de s’adapter pour maintenir leur propre équilibre.

Il y a environ 800000 ans, elles acquièrent la maîtrise le feu. Il devient pour elles source de lumière et de chaleur. Elles détiennent alors une force puissante, obéissante et potentiellement illimitée qui leur permet d’explorer de nouveaux territoires.

La révolution cognitive – La suprématie de l’Homo Sapiens

Il y a environ 70000 ans, parmi toutes les espèces humaines présentent sur le globe, une seule s’impose : l’Homo Sapiens. Les causes de disparition des autres espèces humaines ne sont pas véritablement connues. Une possibilité avancée est que l’Homo Sapiens ait poussé les autres espèces à l’extinction grâce à ses capacités de coopération. Une autre possibilité ait que la concurrence autour des ressources ait dégénérée en violence et génocide.

Durant cette période, l’Homo Sapiens vit une première révolution : la révolution cognitive. Il invente une multitude d’objets : arcs, flèches, aiguilles, lampes à huile, bateaux, objets d’art... Il élabore des formes de langage écrit. Il évolue rapidement. Il crée les premières religions. Il évolue partagé entre deux réalités : une réalité objective ancrée dans la nature et une réalité imaginaire en lien avec les Dieux. Il invente des fictions et des mythes. Ceux-ci favorisent la coopération de très grands nombres d’individus et permettent ainsi la construction progressive d’empires sur de vastes territoires géographiques.

L’Homo Sapiens s’adapte à son environnement naturel. Il se démarque progressivement des autres espèces animales. Il décime la plupart de grands animaux terrestres. Et ce faisant, il provoque une véritable catastrophe écologique.

La révolution agricole – L’émergence des premiers empires

Il y a environ 12000 ans, les êtres humains connaissent une seconde révolution : la révolution agricole. Leur mode de vie change progressivement et selon des principes radicalement différents. Ils s’approprient peu à peu des terres. Ils s’étendent sur des territoires restés sauvages jusque-là. Ils consacrent une grande partie de leur temps à travailler - une nouvelle activité qui leur demande beaucoup de temps. Ils travaillent souvent durement. Ils se retrouvent dépendants des caprices de la météo. Ils subissent le stress du travail de la terre.

Les êtres humains ne s’identifient plus comme une espèce vivante parmi les autres. Progressivement, ils se considèrent différents, autres, supérieurs. Pour les aider dans leurs labeurs, ils domestiquent différentes espèces animales. Ils déciment par ailleurs de nombreuses espèces animales sauvages et provoquent alors une seconde vague d’extinction animale.

A travers leurs activités, les êtres humains créent à la fois richesse et pauvreté. Ils constituent des réserves par peur de manquer. Ils protègent leurs biens. Ils se combattent mutuellement pour étendre leurs territoires géographiques, pour se défendre, pour renforcer leurs pouvoirs…

Pour faciliter leurs échanges de ressources et de biens, ils inventent la monnaie. Ils imaginent aussi un nouveau langage : le langage des chiffres. Ils construisent de nouvelles religions. Ils imposent une hiérarchie des sexes basée sur la domination masculine. Ils mettent en place de nombreuses structures ordonnées patriarcales – institutions politiques, institutions religieuses... Ils conçoivent des ordres imaginaires organisés en couches hiérarchisées avec des privilèges et des pouvoirs distincts. Ils fondent des empires toujours plus grands. Ils se déclarent la guerre entre eux. Ils construisent des temples, monuments et palais. Ils élaborent des lois. Ils s’attribuent des droits. Ils se dotent d’armées, de polices, de tribunaux, de prisons... Ils vivent selon une grande diversité de rites et coutumes. Ils développent leurs activités et augmentent en nombre : plus d’individus, plus de travail de la terre, plus de terre à exploiter, plus de récoltes. La spirale du « toujours plus » est engagée.

La révolution scientifique – Les racines du capitalisme

Plus récemment, il y a environ 500 ans, une troisième révolution explose en Europe : la révolution scientifique. Les européens investissent considérablement dans la recherche. Ils font d’innombrables découvertes dans de nombreux domaines : mathématique, astrologie, biologie, médecine... Un nouveau pouvoir nait : le pouvoir scientifique. Il leur permet de mobiliser davantage de ressources. La science fait alliance avec les empires et l’économie pour pouvoir se développer mutuellement. Elle est enseignée afin d’étayer l’ordre en place. Elle permet de résoudre des problèmes encore insolubles jusque-là. Elle évolue comme tous les autres aspects de notre culture, façonnée par des intérêts économiques, politiques, idéologiques et religieux. Elle favorise la réduction de la mortalité infantile et l’augmentation de l’espérance de vie. La démographie amorce alors une augmentation plus significative.

Les européens développent de nouvelles technologies. Ils parviennent à mieux comprendre multiples de phénomènes qu’ils soient physiques, biologiques, sociologiques... Ils se mettent à croire au progrès. Ils développent une culture matérialiste. Ils découvrent et explorent de nouveaux territoires : Amérique, Moyen Orient, Inde… Ils dessinent de nouvelles cartes du monde. Ils profitent de ces expéditions pour développer leurs savoirs : faune, flore, climat, langues, cultures, anthropologie, géologie… Des savoirs qui leur permettent d’étendre leurs pouvoirs. Ils exploitent et déciment les peuples autochtones. Ils détruisent d’anciennes civilisations : Aztèques, Incas... Ils déplacent de très grandes quantités d’africains vers l’Amérique pour en faire leurs esclaves. Ils colonisent d’innombrables territoires et construisent des empires toujours plus grands et plus complexes. Ils développent de nouvelles formes de commerce à dimension mondiale. Ils s’enrichissent. Ils dominent l’Amérique, l’Océanie, l’Atlantique et le Pacifique. Ils répandent la culture européenne à travers le monde. Ils pratiquent la domination et l’oppression politique, militaire, religieuse, raciale, sexuelle... Ils prennent le contrôle d’une très grande partie de l’économie mondiale. Ils participent à l’uniformisation de la planète à travers la monnaie, l’économie, la politique, les sciences, la religion, l’habillement...

Dès leur enfance, à travers leur éducation et leur culture, les jeunes européens sont formatés pour se conformer à des normes sociales, pour penser de certaines manières, pour savoir ce qui est bien et beau, pour savoir ce qui doit être, pour respecter des règles et pour vouloir certaines choses aussi.

En quelques siècles, les européens construisent un monde tel que nous le connaissons aujourd’hui. Ils sont à l’origine du capitalisme, une nouvelle religion ! Ils accordent progressivement leur confiance à un système bancaire en plein développement et cela alors que les banques prêtent beaucoup plus d’argent qu’elles n’en possèdent réellement. Ils construisent une société dite moderne, fondée sur la confiance en un avenir imaginaire fait d’explorations, de découvertes et de projets en tout genre sources de profits. Ils développent le principe de crédit à outrance. Cela leur permet de concrétiser quasiment tous leurs projets indépendamment du futur. Ils développent un nouveau modèle économique basé sur une spirale sans limite : la confiance favorise le développement du crédit qui favorise le développement des profits qui favorise le développement de la confiance... Ils réinvestissent leurs profits dans de nouveaux projets. Ils croient dans le progrès et la croissance continue, sans limite. Ils sont convaincus que les ressources futures seront supérieures et qu’elles permettront de continuer à s’enrichir encore davantage avec des effets bénéfiques pour l’ensemble de la collectivité, sans impact négatif sur la pauvreté.

Les européens développent un système financier sophistiqué capable de réunir des fonds importants pour les mettre à la disposition des entreprises privées et des pouvoirs publics. Ils créent des sociétés par actions. Grâce à l’Etat de droit, ils captent la richesse d’autres pays du monde. Ils organisent des places boursières, des lieux où ils peuvent échanger leurs participations dans les compagnies. Malgré différentes crises, ils parviennent à maintenir et à développer ce système financier.

Dans ce contexte, les entreprises privées renforcent leur pouvoir. Les dirigeants et les grands actionnaires tirent de plus en plus les ficelles du pouvoir avec l’aide des Etats pour satisfaire leurs propres intérêts. Les Etats agissent sur ordre du grand capital allant même parfois jusqu’à déclarer des guerres dans l’intérêt des investisseurs. Des guerres qui deviennent parfois sources de production de richesse et de croissance. La capital et la politique s’influence mutuellement. Les Etats favorisent l’économie de marché laissant aux investisseurs privés la liberté de choisir les activités qu’ils souhaitent soutenir et exploiter. Dans le même temps, ils définissent aussi des lois pour protéger les marchés. Etats et investisseurs financiers avancent main dans la main avec pour seul objectif commun : la croissance économique. Et cela sans considération éthique allant jusqu’à tuer des millions de personnes par indifférence et cupidité. La traite négrière en est un tragique exemple.

Les européens développent un système financier sophistiqué capable de réunir des fonds importats pour les mettre à la disposition des entreprises privées et des pouvoirs publics. Ils créent des sociétés par actions. Grâce à l’Etat de droit, ils captent la richesse d’autres pays du monde. Ils organisent des places boursières, des lieux où ils peuvent échanger leurs participations dans les compagnies. Malgré différentes crises, ils parviennent à maintenir et à développer ce système financier.

La révolution industrielle – Le dictat des Etats et des marchés

La fin du XIXème siècle marque la quatrième révolution de l’humanité : la révolution industrielle. Cette révolution repose sur cinq piliers : la confiance dans le futur, le capitalisme, la croissance économique, l’existence de ressources premières et la disponibilité d’énergie pour exploiter ces ressources. Les européens s’efforcent d’innovations et de prouesses techniques pour exploiter davantage de matières premières et pour développer de nouveaux moyens de production d’énergie. Ils inventent des machines à vapeur. Ils créent des usines avec des organisations hiérarchisées. Ils créent les moteurs à combustion. Ils découvrent l’électricité. Ils exploitent les énergies fossiles : charbon, pétrole et gaz. Ils inventent l’énergie nucléaire. Ils développent différentes industries : charbon, textile, rail, énergie électrique, pétrole, gaz, chimie, nucléaire... Ils définissent un système horaire commun.

L’abondance des matières premières et des sources d’énergie favorise une explosion de la productivité et de la croissance économique. Le monde paysan disparait progressivement au profit de l’agriculture intensive. L’urbanisation explose. La médecine moderne évolue considérablement. Les famines sont progressivement éradiquées. La population mondiale ne cesse de croître : 950 millions d’individus en 1800, 1,6 milliards en 1900, 6 milliards en 2000.

Les Etats et les marchés se substituent peu à peu aux organisations traditionnelles familiales et communautaires qui avaient su perdurer jusqu’alors. Une révolution sociale accompagne la révolution industrielle. Les Etats et les marchés prennent en charge l’éducation, la sécurité, la justice, l’assurance, la santé... Ils concourent à la paix mondiale afin de préserver le commerce devenu plus rentable que la guerre. Ils favorisent l’individualisme – l’indépendance des individus à l’égard des familles et des communautés. Ils reconnaissent les femmes et enfants en tant qu’individus à part entière. Les marchés exploitent les individus. Et les Etats interviennent avec force pour les contraindre. Ils amplifient le nationalisme. L’ordre social semble en perpétuel mouvement. La politique, la vie quotidienne et la psychologie humaine sont totalement transformées.

Après la seconde guerre mondiale, les êtres humains améliorent considérablement la productivité agricole avec le développement des tracteurs et machines agricoles en tout genre. L’industrialisation de l’agriculture concourt au développement des autres formes d’industrie. L’économie moderne s’appuie sur un développement permanent des moyens de production. Pour assurer sa pérennité, elle déploie des stratégies et des moyens importants pour se renouveler et inciter les êtres humains à acheter encore et toujours plus, afin qu’ils se dotent d’un plus grand confort matériel. Une nouvelle forme d’éthique se fait jour : le consumérisme. Consommer toujours plus de biens et de services  est perçu comme étant positif au regard de la majorité. Les êtres humains achètent et consomment comme leurs semblables pour être à la mode, pour se conformer aux normes sociales communes. Ils en deviennent asservis aux offres des marchés.

Le capitalisme considère que seul le marché peut assurer le bonheur du plus grand nombre, en garantissant à la fois la croissance économique et l’abondance matérielle, et en apprenant aux gens à compter sur eux-mêmes et à se montrer entreprenants.

Durant cette période, une grande partie des êtres humains s’éloignent de la nature. Ils perdent de vue les rythmes naturels des saisons pour respecter les horaires imposés par les usines, bureaux et écoles. Ils envahissent et exploitent de plus en plus de surfaces terrestres. Ils détruisent de vastes espaces naturels : forêts, zones humides, fleuves... Ils provoquent l’extinction d’innombrables espaces végétales et animales. Ils polluent la planète sous différentes formes : émissions de gaz à effet de serre, production de déchets, usage de produits chimiques dans l’agriculture... La biodiversité décline. Les déchets s’accumulent sur terre et en mer. Le climat se dérègle. Les catastrophes naturelles se répètent avec davantage de violence.

Comment accéder au bonheur ?

Un nouveau courant de pensée considère aujourd’hui qu’il existe une corrélation inverse entre les capacités humaines et le bonheur. En gagnant plus de pouvoir, nous aurions créé un monde en décalage avec nos besoins véritables. L’évolution ayant adapté nos corps et nos esprits à la vie des chasseurs-cueilleurs, les différentes révolutions vécues depuis nous auraient entraînés vers une vie contre nature. Nous aurions ainsi perdu une partie de nos capacités sensorielles. Et ce faisant, nous aurions progressivement perdu la capacité de vivre le moment présent en conscience.

Il n’est pas écarté aujourd’hui que le court âge d’or du dernier demi-siècle, marqué par un saut technologique, une médecine moderne triomphante, une baisse sensible de la violence, la quasi disparition des guerres internationales et la quasi élimination des grandes famines, ait semé les germes d’une catastrophe future à venir. Durant les dernières décennies, nous avons profondément perturbé l’équilibre écologique de la planète. De nombreux indicateurs montrent que le consumérisme tel que nous le vivons aujourd’hui détruit les fondements de la prospérité humaine.

L’accumulation d’une grande partie de la richesse s’est faite et se fait encore aujourd’hui au dépens de nombreuses autres espèces vivantes soient parce que massivement exploitées, soient parce qu’anéanties. L’agriculture industrielle telle que pratiquée aujourd’hui pourrait bien être le plus grand crime de l’histoire de l’humanité.

Depuis longtemps, l’évaluation du bonheur était pour beaucoup associée à la santé, à l’alimentation, à la sécurité et à la richesse. Or, ne devrait-elle pas être étendue à tous les peuples de la planète, à toutes les classes sociales, aux hommes, aux femmes, aux enfants mais aussi à toutes les autres espèces vivantes ? Le bonheur est un « bien être subjectif ». Il est un état que nous ressentons en nous, un sentiment de plaisir immédiat ou de contentement. Certes l’argent représente une source de bonheur mais uniquement jusqu’à un certain point. La maladie diminue le sentiment de bonheur à courte échéance. Elle devient une source de détresse lorsque l’état physique et psychologique se dégrade dans la durée. La famille et la communauté semble présenter plus d’impact que l’argent et la santé sur notre bonheur. Il n’est pas exclu que l’amélioration des conditions matérielles apportées par les Etats et les marchés au cours des deux derniers siècles, ait été annulée par l’effondrement de la famille et de la communauté. La qualité et la profondeur des relations intimes ont probablement souffert de l’explosion de l’individualisme et de l’isolement induit. Toutefois, le constat de loin le plus important est que le bonheur ne dépend pas vraiment des conditions objectives : richesse, santé ou même communauté. Il dépend plutôt de la corrélation entre conditions objectives et attentes subjectives.

Il y a des milliers d’années, des prophètes, poètes et philosophes, ont découvert qu’être satisfait de ce que l’on a, importe bien davantage que d’obtenir plus que ce que l’on désire. La seule et unique chose qui rende les gens heureux, ce sont les sensations plaisantes du corps. Il est par ailleurs admis que des facteurs psychologiques et sociologiques jouent un rôle. Le bonheur consiste à voir sa vie dans sa totalité : une vie qui a du sens et qui en vaut la peine. « Celui qui a une raison de vivre, disait Nietzsche, peut endurer n’importe qu’elle épreuve ou presque. » Une vie qui a du sens peut être extrêmement satisfaisante même en pleine épreuve, alors qu’une vie dénuée de sens est un supplice, si confortable soit-elle. Selon le bouddhisme, la racine de la souffrance n’est ni le sentiment de peine, ni celui de la tristesse, voire l’absence de sens. La véritable racine est plutôt cette poursuite incessante et absurde de sensations éphémères qui nous mettent dans un état permanent de tension, d’agitation et d’insatisfaction. Les êtres humains se libèrent de leur souffrance quand ils comprennent l’impermanence de leurs sensations et cessent de leur courir après. Tel est l’objectif des pratiques de méditation bouddhiste. Quand la poursuite cesse, l’esprit est détendu, clair et comblé. Le bouddhisme considère que le bonheur est indépendant des conditions extérieures et de nos sentiments intérieurs. Plus nous attachons d’importance à nos sentiments, plus nous leur courons après, plus nous en souffrons. La clé du bonheur est de connaître la vérité sur soi, de comprendre qui ou ce que l’on est. La plupart des gens s’identifient à tort à leurs sentiments, à leurs pensées ainsi qu’à à leurs goûts et dégoûts. Jamais ils ne se rendent compte qu’ils ne sont pas leurs sentiments et que la quête incessante de tel ou tel sentiment ou sensation les pièges dans la misère.

Malgré tous les traitements médicaux dont nous bénéficions aujourd’hui, il est possible que nous souffrions davantage aujourd’hui comparativement à nos ancêtres. De plus, en poussant d’innombrables espèces vivantes vers l’extinction, l’humanité  prend le risque de s’anéantir après avoir vécu ces dernières décennies, les plus pacifiques de toute son histoire.

Quel avenir pour l’humanité ?

Pendant environ 4 milliards d’années, chaque organisme vivant de la planète a évolué dans la soumission de la sélection naturelle. Depuis quelques décennies déjà, des êtres humains interviennent pour contrôler l’évolution d’espèces. Dans les laboratoires du monde entier, les chercheurs manipulent des êtres vivants. Rien ne les arrête, pas même les caractéristiques originelles d’un organisme. La révolution scientifique pourrait conduire demain à une nouvelle révolution : une révolution biologique.

Le génie biologique n’est pas nouveau. Les êtres humains y recourent depuis des millénaires pour remodeler des organismes. La castration en est un exemple.

Le génie biologique soulève de nombreuses questions éthiques, politiques et idéologiques. Les défenseurs des animaux dénoncent les souffrances infligées aux animaux de laboratoire et des animaux de ferme qui sont manipulés au mépris total de leurs besoins. Ils craignent par ailleurs que le génie génétique ne serve à créer des surhommes qui feraient de nous des serfs. Notre capacité de modifier les gènes est en avance sur notre capacité d’en faire un usage sage et clairvoyant.

Le génie génétique pourrait à moyenne échéance – dans quelques décennies – nous permettre d’apporter des altérations de grande ampleur à notre physiologie, à notre système immunitaire, à notre espérance de vie ainsi qu’à nos facultés intellectuelles et émotionnelles.

Une autre technologie nouvelle pourrait également changer les lois de la vie : le génie cyborg. Les cyborgs sont des êtres vivants qui mêlent parties organiques et inorganiques. Par exemple, un être humain avec des mains bioniques. Sans en avoir conscience, nous évoluons dans ce sens à travers les corrections de nos sens et fonctions naturelles apportées via divers appareils : lunettes, appareils auditifs, prothèses, pacemakers, bras bioniques...

Une troisième voie est également envisagée aujourd’hui pour changer les lois de la vie. Elle consiste à fabriquer des êtres totalement inorganiques. Des chercheurs rêvent de créer des programmes d’apprentissage qui puisse permettre d’apprendre à évoluer en toute indépendance par rapport à son créateur. Dans quelques décennies, des cerveaux humains artificiels pourraient être capables de parler et de se conduire comme les êtres humains.

Nos capacités à manipuler le monde qui nous entoure, mais aussi nos corps et nos esprits, progressent à une vitesse époustouflante. L’ère de la médecine personnalisée – qui ajuste le traitement médical à l’ADN – a commencé.

Tous les pays à travers le monde reconnaissent qu’une société humaine digne de ce nom doit assurer à tous ses membres un traitement médical équitable et veiller à ce qu’ils restent en relativement bonne santé. Et en même temps, notre monde moderne pourrait être sur le point de créer la plus inégale de toutes les sociétés humaines. Tout au long de l’histoire, les classes supérieures ont toujours prétendu être plus intelligentes, plus fortes et dans l’ensemble meilleures que les classes inférieures. Généralement, elles s’illusionnent. Mais dans un avenir proche, grâce aux nouvelles avancées médicales, les prétentions des classes supérieures pourraient bientôt devenir une réalité objective.

L’histoire pour autant nous apprend que ce qui nous semble à portée de main ne se matérialise jamais en raison de barrières imprévues. D’autres scénarios qu’on n’avait pas imaginés, se réalisent. La seule chose que nous puissions faire, c’est influencer la direction que nous prenons. Que voulons-nous devenir ? Et puisque nous pourrions bien être capables sous peu de manipuler nos désirs, la vrai question serait plutôt : « Que voulons-nous vouloir ? »

Il y a environ 70000 ans, les Homo sapiens étaient des animaux insignifiants qui vivaient en Afrique. Au fil des millénaires suivants, ils se sont transformés pour devenir ce que nous sommes aujourd’hui : des maîtres de la planète et des terreurs de l’écosystème qui infligent d’immenses misères aux animaux en les abattant par milliards chaque année. En étant sur le point d’acquérir des capacités divines de destruction et de création, nous sommes en passe de devenir des « Dieux ». Nous avons maîtrisé ce qui nous entoure, accru la production alimentaire, construit des villes, bâti des empires, créé de vastes réseaux commerciaux... Dans le même temps, malgré l’accroissement massif de notre puissance, nous ne sommes pas parvenus à améliorer globalement le bien être individuel. Il est vrai que nous avons accompli des progrès au cours des toutes dernières décennies avec la régression de la famine, des épidémies et de la guerre. Mais la situation des animaux se dégrade plus rapidement que jamais et l’amélioration du sort de l’humanité est trop récente et trop fragile pour qu’on en soit assuré dans la durée. Nous sommes plus puissants que jamais, mais nous ne savons trop que faire de ce pouvoir. Pis encore, nous semblons plus irresponsables que jamais. Ainsi faisons-nous des ravages parmi les autres animaux et dans l’écosystème environnant en ne cherchant guère plus que nos aises et notre amusement, sans jamais trouver satisfaction.

Le monde dans lequel nous vivons est régie par le chao. Il est impossible de donner une explication déterministe de l’histoire, de même qu’il est impossible de prédire l’histoire. L’évolution ne se fait pas forcément au bénéfice des êtres humains qui ne parviennent pas à infléchir le cours de l’histoire à leur avantage. Pour autant, l’étude de l’histoire permet d’élargir nos horizons et d’entrevoir que les possibilités qui nous sont offertes sont bien plus nombreuses que nous ne l’imaginons.

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