Des solutions

Dernière mise à jour le 9 juin 2020

Depuis plusieurs années, de nombreuses solutions sont mises en œuvre pour limiter le réchauffement climatique. Malheureusement, pour le moment, leurs effets s’avèrent globalement insuffisants pour inverser l’évolution croissante des émissions de gaz à effet de serre. Pour autant, il s’agit d’une première étape. Le champ des possibles reste vaste pour infléchir cette tendance. Il est de notre responsabilité de nous engager dans ce sens et d’expérimenter de nouvelles actions plus efficaces pour demain.

Informer l’opinion publique

Informer les citoyens de la problématique actuelle apparaît essentiel dans la mesure où un problème ne peut être résolu que lorsqu’il est clairement exposé. Même si  la problématique de réchauffement climatique est de mieux en mieux définie par les scientifiques, elle est loin d’être intégrée par les citoyens que nous sommes. Tant qu’une grande majorité d’entre nous n’aura pas conscience de l’état de la situation, il sera difficile de réduire drastiquement les émissions de gaz à effet serre à l’échelle mondiale et de limiter le réchauffement climatique.

Cette prise de conscience augmente progressivement depuis déjà quelques années. Elle devrait probablement considérablement augmenter par effet de seuil dans les prochaines années. Pour chaque pays, dès lors qu’elle aura atteint 15 à 30% de la population, elle gagnera très rapidement la majorité de l’opinion publique et se répandra ainsi progressivement sur l’ensemble de la planète. Ce phénomène résulte du fait que nous sommes avant tout des êtres sociaux. Nous évoluons en groupe en nous conformant à des normes sociales et culturelles communes. Nous changeons progressivement au fil du temps sans vraiment nous en rendre en compte, influencés par tout ce qui nous entoure. Et puis, pour différentes raisons, il arrive que nous évoluions plus massivement et plus rapidement dès lors qu’une grande partie d’entre nous franchit le pas pour opérer un changement significatif. A titre d’exemple, c’est ce que nous avons vécu au début de ce siècle suite à l’émergence du numérique. En quelques années, nous avons massivement adopté l’usage des ordinateurs, tablettes, smartphones…

A l’échelle mondiale, de nombreux organismes publient périodiquement des rapports scientifiques faisant état de l’évolution de la situation. Ils mettent à jour l’évaluation des prévisions les plus probables concernant le réchauffement climatique et ses conséquences à venir. Ils préconisent des mesures pour limiter l’augmentation des températures à la surface du globe. Les résultats de ces travaux font l’objet de présentations dans le cadre de sommets réunissant une très grande partie des Etats de la planète.

Dans le prolongement, des Etats et des Territoires informent également les citoyens sur l’évolution de la situation.

De façon complémentaire, de nombreuses Organisations Non Gouvernementales (ONG) réalisent des campagnes d’information et de sensibilisation auprès du grand public. Régulièrement, elles lancent des alertes. Elles organisent des manifestations… De nombreuses initiatives sont également prises dans ce sens par des personnalités d’horizons très divers : politique, économique, philosophique, scientifique, médiatique, artistique… A plus petite échelle, des associations contribuent également à l’information du public sous différentes formes : interventions auprès des enfants dans les écoles, organisation de festivals, …

Globalement, les informations communiquées sur le réchauffement climatique ne cessent d’augmenter au fil des années via des rapports scientifiques, des sommets, des festivals, des déclarations, des articles de presse, des livres, des films, des reportages… Elles participent ainsi largement à l’éveil de conscience nécessaire aux changements à mener dans les prochaines années.

Réduire drastiquement la production d’énergie fossile

Une très grande part des gaz à effet de serre résulte aujourd’hui de la production d’énergie fossile : environ 2/3 à l’échelle mondiale en considérant toutes les sources d’énergie à base de charbon, de pétrole et de gaz. C’est la raison pour laquelle, il est aujourd’hui prioritaire de réduire drastiquement les productions d’énergie fossile dans leur ensemble. La plupart des secteurs d’activités humaines sont concernés : production d’électricité, industrie, transport, habitat, travaux publique, numérique…

Sans que nous en ayons vraiment conscience, nos modes de vie dans les pays riches requièrent de très grandes quantités d’énergie. A titre d’exemple, la cimenterie est un secteur d’activité très énergétivore. Aussi, plus nous construisons de bâtiments et ouvrages neufs en béton, plus nous consommons d’énergie. Chaque fois que nous achetons des produits dans des pays très éloignés, nous sollicitons indirectement des besoins énergétiques pour leur transport. Chaque fois, que nous utilisons notre voiture à essence ou gasoil, nous utilisons là aussi des énergies fossiles. L’utilisation d’internet et des réseaux sociaux via nos ordinateurs, tablettes et smartphones mobilisent également de très grande quantité d’énergie. Enfin pour compléter ces quelques exemples, l’utilisation de tout appareil électrique sollicite également des besoins d’énergie. Or, à l’échelle mondiale, l’électricité reste encore aujourd’hui largement produite à partir d’énergie fossile.

Réduire drastiquement la production d’énergie fossile implique de revoir en profondeur nos modes de vie et nos modes de consommation. Si cela semble nécessiter le développement de moyens de production d’énergie renouvelable, une réduction de nos besoins énergétiques apparaît également inévitable. De nombreux citoyens ont déjà pris des dispositions dans ce sens en réduisant leurs déplacements en voiture, en améliorant l’isolation de leur logement, en achetant davantage de produits locaux… Certains ont même fait le choix de changer radicalement leur façon de vivre, afin d’être plus autonome pour satisfaire leurs besoins vitaux. Cela en prévision d’un éventuel effondrement du Système.

Les pays riches et les pays émergents sont concernés en première ligne par tous ces changements. Tout l’enjeu est pour eux de parvenir à remplacer les sources d’énergie fossile par d’autres sources plus respectueuses de l’environnement. Suite aux engagements pris dans le cadre de l’Accord de Paris en 2015, plusieurs pays se sont très concrètement engagés dans ce sens en mettant en œuvre de nouvelles politiques énergétiques, en favorisant les économies d’énergie, en étendant le champ d’application des taxes à l’égard des plus grands pollueurs, en augmentant les moyens de recherche pour trouver des solutions alternatives plus « propres »…

De nombreuses multinationales et entreprises s’inscrivent dans le cadre de ces nouvelles orientations. Elles déploient des moyens importants pour recentrer leurs activités en ayant recours à des moyens de production plus « propres », basés principalement sur les énergies renouvelables que sont le solaire, l’éolien et l’hydraulique. Elles créent de nombreux emplois dans ces nouveaux domaines. Des banques changent également d’orientation stratégique pour accompagner le développement de ces nouveaux projets, délaissant dans le même temps le financement de projets de développement d’énergie fossile. Le risque de crise financière qui pèse sur elles, ne leur laisse entrevoir peu d’autres alternatives durables. Tout l’enjeu est pour elles de réussir à accompagner les changements en cours, tout en limitant les risques de dégradation de leurs actifs.

Précurseurs dans la transition énergétique, de nombreux Collectifs sont fortement mobilisés depuis plusieurs décennies pour réduire la consommation d’énergies fossiles de par le monde. Ils s’opposent à la construction de grands projets délétères pour l’environnement. Ils engagent des actions en justice pour protéger la nature. Ils contribuent au développement de Territoire plus autonomes. Ils accompagnent les citoyens à vivre plus sobrement…

Depuis de nombreuses années, de nombreux organismes mondiaux œuvrent également pour accompagner la transition énergétique. Ils pilotent et coordonnent de multiples études scientifiques. Ils organisent des sommets mondiaux réunissant la quasi-totalité des Etats. Ils accompagnent les Etats dans la mise en œuvre de nouvelles politiques énergétiques...

Dans ce contexte de transformation générale, de nombreux Territoires décident de limiter leurs émissions de gaz à effet de serre en développant des réseaux de transports en commun plus respectueux de l’environnement, en favorisant le développement d’énergie renouvelable, en participant à la création de zones d’économie circulaire locales

Stopper la déforestation

Même si la production d’énergie fossile est aujourd’hui de très loin la première source d’émission de gaz à effet de serre, la déforestation n’en reste pas moins une source significative également puisqu’elle représente environ 17% des émissions totales à l’échelle mondiale.

La déforestation est principalement pratiquée pour étendre les surfaces agricoles et dans une moindre mesure, pour exploiter les ressources naturelles, pour construire de grandes infrastructures industrielles et pour étendre les zones urbaines. Elle est aujourd’hui aggravée par de grands incendies qui ravagent de vastes territoires.

Outre le fait que la déforestation accentue les émissions de gaz à effet de serre, elle alimente également un marché international illégal du bois. Un marché de plusieurs centaines de milliards de dollars par an. Un marché favorisé par le manque de traçabilité du bois.

Comme la production d’énergie fossile, la déforestation est l’objet de nombreuses études scientifiques à l’échelle mondiale. Elle est au cœur d’échanges internationaux. De nombreux organismes interviennent auprès des Etats pour la freiner. Un des principaux enjeux est de pouvoir exclure des marchés internationaux, la production de bois issue de la déforestation. Certains Etats prennent des dispositions dans ce sens : protection de vastes zones forestières, mise en place de nouvelles réglementations pour  imposer la traçabilité du bois, mise en œuvre de contrôles et de sanctions…

De nombreux Territoires agissent également pour lutter contre la déforestation en protégeant des forêts, en mettant en œuvre des plans de gestion durable des espaces forestiers et en réalisant de grands programmes de plantation d’arbres. Programmes auxquels de nombreuses entreprises et multinationales participent également pour compenser leurs émissions de gaz à effet de serre. Des Territoires s’engagent par ailleurs dans le développement de l’agro foresterie, un nouveau mode de gestion dont l’objectif est de concilier espaces forestiers et espaces agricoles. Des Territoires développent également des circuits commerciaux de proximité, des économies circulaires permettant de valoriser les déchets de la filière bois avec de moindres impacts écologiques... Des accords sont également trouvés entre Etats, Territoires et multinationales pour préserver des espaces naturels riches en biodiversité.

Dans le cadre de leur politique d’approvisionnement, certaines entreprises et multinationales s’engagent pour respecter un objectif « zéro » déforestation, en pratiquant la transparence et la traçabilité. Des banques s’engagent également dans ce sens à travers les financements qu’elles octroient dans les domaines d’activités susceptibles de profiter de la déforestation : exploitation du bois, fabrication du papier, production d’huile de palme, production de céréales pour les biocarburants, production d’aliments céréaliers pour les animaux…

De nombreux Collectifs interviennent auprès des Etats pour renforcer les lois en matière de protection des espaces forestiers. Des certifications et labels pour le bois et le papier sont développés afin de favoriser une gestion durable des forêts. Des actions de formation sont organisées pour les planteurs. Les contours de forêts non cartographiées à ce jour, sont l’objet de reconnaissances et délimitations de sorte que les populations locales indigènes puissent faire valoir leurs droits…

Sensibles à la problématique de déforestation, de nombreux citoyens ont déjà  changé leurs habitudes en achetant du bois d’espèces locales, en boycottant l’achat de bois exotique, en boycottant également l’achat de produits utilisant l’huile de palme, en réduisant leur consommation de papier, en limitant l’achat d’articles jetables en carton… Certains vont même jusqu’à réduire leurs déplacements en voiture en raison de l’impact des agro-carburants sur les forêts. La production agricole nécessaire aux agro-carburants nécessite en effet des surfaces de plus en plus importantes, au détriment des espaces naturels et forestiers. Même si ça peut sembler étonnant de prime abord, des citoyens décident également de réduire leur consommation de viande pour lutter contre la déforestation. A titre d’exemple, une grande partie du soja utilisé pour nourrir les animaux d’élevage de par le monde, est produit en Amérique du Sud sur des terres qui étaient jadis recouvertes par la forêt amazonienne jusqu’à la fin du XXème siècle.

Inventer de nouveaux modes d’exploitation agricole

La troisième source significative des émissions de gaz à effet de serre après la production d’énergie fossile et la déforestation concerne l’agriculture. Elle représente environ 13% des émissions totales de la planète. Les émissions de gaz à effet de serre résultent principalement des élevages intensifs d’animaux. Les quantités d’émissions de gaz à effet de serre évoluent globalement de manière proportionnelle au nombre de têtes de bétail. Cette situation résulte principalement du modèle agro-industriel largement développé  et répandu depuis la seconde guerre mondiale en réponse aux besoins alimentaires croissants de la population mondiale. Elle a par ailleurs été renforcée sur la même période par une augmentation de la consommation de viandes et de produits laitiers dans les pays riches. Et elle est aujourd’hui aggravée par l’adoption de comportements similaires dans les pays en émergence.

Si l’agriculture représente à elle seule une source importante d’émission de gaz à effet de serre, elle pourrait également devenir une solution future pour contribuer à la limitation du réchauffement climatique. Les champs constituent en effet des solutions naturelles pour stocker de grandes quantités de CO2 grâce à l’usage de techniques de conservation des sols : rotation des cultures, suppression des labours, couverture permanente du sol… Ce changement de vision est l’objet de nombreuses études à l’échelle mondiale. De nombreux organismes et experts œuvrent pour développer un nouveau modèle agricole plus respectueux de la planète : l’agro-écologie. Ce modèle vise à concilier agriculture et écologie par une exploitation différente des ressources. Il envisage une diminution de l’utilisation des produits phytosanitaires. Il favorise la biodiversité, le mélange des cultures, la protection naturelle des sols, la plantation d’arbres et de haies au milieu des cultures… L’agro-écologie ressemble à une sorte de grande boîte à outils qui permettrait d’optimiser les solutions en regard de la diversité des situations. Pour accompagner les changements agricoles à venir, une coordination entre les Etats est aujourd’hui engagée dans ce sens. Des aides sont par ailleurs apportés aux pays les plus pauvres pour soutenir leur agriculture. Des pays qui sont généralement plus directement impactés par le réchauffement climatique.

Des Etats financent des programmes de recherche pour pouvoir mettre en œuvre l’agro-écologie et pour développer de nouvelles techniques de stockage du CO2. De nombreuses études sont également menées avec pour objectif de réduire les émissions de gaz à effet de serre à la source : réduction des quantités de méthane produites par les animaux en adaptant leur alimentation, développement de techniques innovantes pour l’utilisation des engrais, optimisation des travaux agricoles…

Mais plus efficace que toute innovation technologique, les changements de comportement alimentaire représentent aujourd’hui un levier majeur pour réduire les émissions de gaz à effet de serre d’origine agricole. De nombreux Collectifs militent dans ce sens. De nombreux citoyens ont déjà franchi le pas en réduisant leur consommation de viande et de produits laitiers, en devenant végétarien ou végétalien.

Alors que nous sommes à l’aube de grands changements à venir dans le monde agricole, des Etats et Territoires accordent d’ores et déjà des aides aux agriculteurs volontaires pour convertir leurs exploitations. Des Collectifs les soutiennent pour réussir cette transition. Des écoles et organismes de formation adaptent leurs programmes pour accompagner ces changements. Des actions sont également menées pour relocaliser les productions agricoles au plus près des consommateurs et ainsi limiter les besoins de transport. Des entreprises inventent de nouvelles techniques agricoles ainsi que de nouveaux outils plus adaptés. Des banques de plus en plus conscientes des risques liés au changement climatique, accompagnent ces transformations en finançant de multiples projets : création de retenues collinaires, aménagement d’installations hydrauliques, création d’espaces agro-forestiers…

Depuis quelques années, des producteurs font le choix de produire selon les standards de l’agriculture biologique. Certains privilégient les circuits courts de commercialisation de leurs produits. D’autres en assurent la transformation et la vente directe auprès des particuliers, seuls ou par le biais d’associations et de commerces locaux. Une partie d’entre eux observent une amélioration significative de leurs revenus. Les citoyens sont par ailleurs de plus en plus nombreux à se tourner vers l’achat de produits locaux de saison.

Transformer le Système

Même si de nombreuses actions sont aujourd’hui engagées pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, elles restent insuffisamment mises en œuvre à l’échelle mondiale pour pouvoir observer des effets significatifs positifs. Nous ne sommes qu’aux prémices des changements nécessaires pour contenir l’ampleur du réchauffement climatique.

La problématique de réchauffement climatique revêt globalement une dimension planétaire en raison de la mondialisation des activités humaines, des structures qui les exploitent et des conséquences sur le climat qu’elles génèrent. En conséquence, la résolution de cette problématique d’une ampleur inédite dans l’histoire de l’humanité implique également un traitement à l’échelle mondiale. Cette remise à plat du Système apparaît inéluctable compte tenue du modèle de croissance permanente sur lequel il s’appuie. Une croissance sans fin qui apparaît aujourd’hui en contradiction totale avec la dimension finie des ressources naturelles sur la planète.

Transformer le Système dans sa globalité, au niveau mondial, implique nécessairement de transformer l’ensemble des sous-systèmes qui le composent Etat par Etat, régions par régions et Territoires par Territoires en considérant toutes leurs dimensions : politique, industrielle, commerciale, sociale, économique, financière…

Pour bien comprendre cette décomposition, observons un instant l’écosystème global que représente la Terre. Il est lui-même composé de grands écosystèmes très différents : calottes glaciaires, océans, continents…. Tous ces territoires peuvent eux-mêmes être décomposés en écosystèmes plus réduits comme par exemple des espaces montagnards, des plaines, des zones fluviales, de vastes forêts, des marais, des déserts… Et chacun de ces écosystèmes peut être décomposé en écosystèmes plus élémentaires encore comme par exemple une zone humide, un ensemble de prairies, une forêt... Quelques soient leur dimensions, tous ces écosystèmes sont caractérisés par un milieu de vie, des habitats, des flux de matière et des espèces vivantes. Les espèces ont des habitats qui leur sont spécifiques. Elles assurent une ou plusieurs fonctions au service de l’écosystème. Elles utilisent des ressources pour subvenir à leurs besoins. Elles ont leurs propres capacités d’adaptation. Elles vivent en dépendance et en interaction les unes par rapport aux autres. Ces interactions déterminent l’organisation, le fonctionnement et l’évolution des écosystèmes qui présentent un état d’équilibre en évolution au gré des perturbations extérieures. Etat d’équilibre qui leur confère autosuffisance et stabilité. Dès lors que ces perturbations sont trop nombreuses ou trop violentes, un seuil de rupture peut être atteint. Seuil à partir duquel les écosystèmes se transforment de manière irréversible. De nouveaux équilibres se créent alors. Les écosystèmes sont d’autant plus résilients face aux agressions extérieures que leur biodiversité est riche, que les fonctions assurées par les espèces sont redondantes et que les capacités d’adaptation des espèces sont grandes

Depuis la création de l’agriculture il y a plusieurs milliers d’années, indépendamment des écosystèmes dans lesquels ils vivaient, les êtres humains se sont créés leurs propres systèmes : systèmes politiques, religieux, militaires, commerciaux... Au gré du temps, ils les ont complexifiés et ils les ont étendus jusqu’à atteindre une dimension mondiale. Les ressources naturelles sont exploitées dans certaines régions du globe. Les biens matériels sont fabriqués dans d’autres. Ils sont ensuite consommés sur une grande partie des continents… En moins d’un siècle, les être humains ont ainsi créé un seul et unique Système mondial, standardisé et hyper polluant. Un modèle dont les fondements apparaissent aujourd’hui en opposition totale avec ceux des écosystèmes.

Transformer le Système dans sa globalité, au niveau mondial, implique nécessairement de transformer l’ensemble des sous-systèmes qui le composent Etat par Etat, régions par régions et Territoires par Territoires en considérant toutes leurs dimensions : politique, industrielle, commerciale, sociale, économique, financière…

Pour bien comprendre cette décomposition, observons un instant l’écosystème global que représente la Terre. Il est lui-même composé de grands écosystèmes très différents : calottes glaciaires, océans, continents…. Tous ces territoires peuvent eux-mêmes être décomposés en écosystèmes plus réduits comme par exemple des espaces montagnards, des plaines, des zones fluviales, de vastes forêts, des marais, des déserts… Et chacun de ces écosystèmes peut être décomposé en écosystèmes plus élémentaires encore comme par exemple une zone humide, un ensemble de prairies, une forêt... Quelques soient leur dimensions, tous ces écosystèmes sont caractérisés par un milieu de vie, des habitats, des flux de matière et des espèces vivantes. Les espèces ont des habitats qui leur sont spécifiques. Elles assurent une ou plusieurs fonctions au service de l’écosystème. Elles utilisent des ressources pour subvenir à leurs besoins. Elles ont leurs propres capacités d’adaptation. Elles vivent en dépendance et en interaction les unes par rapport aux autres. Ces interactions déterminent l’organisation, le fonctionnement et l’évolution des écosystèmes qui présentent un état d’équilibre en évolution au gré des perturbations extérieures. Etat d’équilibre qui leur confère autosuffisance et stabilité. Dès lors que ces perturbations sont trop nombreuses ou trop violentes, un seuil de rupture peut être atteint. Seuil à partir duquel les écosystèmes se transforment de manière irréversible. De nouveaux équilibres se créent alors. Les écosystèmes sont d’autant plus résilients face aux agressions extérieures que leur biodiversité est riche, que les fonctions assurées par les espèces sont redondantes et que les capacités d’adaptation des espèces sont grandes

Depuis la création de l’agriculture il y a plusieurs milliers d’années, indépendamment des écosystèmes dans lesquels ils vivaient, les êtres humains se sont créés leurs propres systèmes : systèmes politiques, religieux, militaires, commerciaux... Au gré du temps, ils les ont complexifiés et ils les ont étendus jusqu’à atteindre une dimension mondiale. Les ressources naturelles sont exploitées dans certaines régions du globe. Les biens matériels sont fabriqués dans d’autres. Ils sont ensuite consommés sur une grande partie des continents… En moins d’un siècle, les être humains ont ainsi créé un seul et unique Système mondial, standardisé et hyper polluant. Un modèle dont les fondements apparaissent aujourd’hui en opposition totale avec ceux des écosystèmes.

Aussi, pour réduire nos impacts écologiques, peut-être aurions-nous intérêt à retrouver de la cohérence entre les écosystèmes bien réels dans lesquels nous vivons et les Systèmes « virtuels » que nous nous imposons ? Peut-être pourrions-nous nous inspirés des modèles d’organisation, de fonctionnement et d’évolution des écosystèmes pour transformer nos propres Systèmes ? Une telle approche permettrait d’en renforcer les capacités d’autosuffisance et de stabilité.  Elle améliorerait leur résilience. Et elle favoriserait la réduction de leurs impacts sur la nature. Une telle approche impliquerait de décomposé le Système global en de multiples sous-Systèmes jusqu’à définir des sous-Systèmes élémentaires. Il s’agirait ensuite de définir chaque sous-Système dans un esprit d’équilibre dynamique et d’autosuffisance, en favorisant la diversité des acteurs, les redondances des fonctions, la limitation de la consommation de ressources aux besoins vitaux… Selon leurs environnements naturels, les Etats, Régions et Territoires se doteraient de divers principes d’organisation et de fonctionnement qui leurs permettraient de devenir plus autonomes, plus équilibrés, plus respectueux des ressources naturelles et plus résilients. Une perspective qui apparaît aujourd’hui en rupture avec les principes de croissance permanente, de consumérisme et de mondialisation du Système actuel.

Tous les Etats sont concernés par la transformation du Système à des degrés plus ou moins élevés. Des Etats choisissent de recentrer leurs productions à l’intérieur de leurs frontières, privilégiant ainsi leur économie à l’égard du Système économique mondial. Certains visent l’indépendance énergétique via des moyens de production d’énergie renouvelable. D’autres font appel à l’intelligence collective en organisant des actions citoyennes participatives…

Des Régions et Territoires font le choix de développer leurs économies locales en diversifiant leurs activités, en développant des pépinières d’entreprises, en exploitant les ressources locales selon leurs besoins, en développant des organisations circulaires pour limiter les quantités de déchets produits... Des Collectifs œuvrent également pour le développement de telles économies en créant des monnaies locales, en favorisant les liens et la coopération entre les acteurs locaux... Des entreprises s’inscrivent dans ce mouvement en faisant le choix de maintenir leur activité localement, en développant des partenariats avec des acteurs locaux et en privilégiant une clientèle de proximité. De plus en plus de citoyens adhèrent à ces projets de développement d’économies locales

Maîtriser l’évolution démographique mondiale

Même si l’évolution démographique mondiale ne constitue pas une des principales causes du réchauffement climatique, elle soulève cependant une problématique fondamentale, celle du partage des ressources. D’autant plus que cette évolution présente un caractère croissant et exponentiel – ce qui signifie que la population mondiale augmentent un peu plus vite chaque année. Dans ce contexte, arrivera un jour où les ressources de la Terre ne permettront plus de subvenir aux besoins vitaux de toute l’humanité. Des experts prétendent que la limite pourrait être atteinte à l’horizon 2050. La population mondiale pourrait alors atteindre entre 10 et 15 Milliards d’individus.

Afin de ne pas se retrouver confronté à pareille situation qui augmenterait fortement les risques de famines et de guerres dans de nombreux territoires, la maîtrise de la démographie mondiale constitue un enjeu essentiel. Et tous les pays ont une part de responsabilité à exercer dans ce but.

Dans les pays Pauvres, les enfants représentent encore souvent une double ressource : main d’œuvre pour subvenir aux besoins de la famille mais aussi assurance vieillesse pour subvenir aux besoins de leurs parents lorsqu’ils vieillissent. Aussi, compte tenu de la mortalité infantile relativement élevée, ils grandissent dans des familles nombreuses. Ce modèle familial est similaire à celui qui existait dans les pays occidentaux jusqu’à la seconde guerre mondiale. Maîtriser l’évolution démographique implique pour ces pays l’application de nouvelles politiques familiales. Ce qui implique des changements sur le plan économique, social et culturel et des moyens conséquents pour les mettre en œuvre. Moyens dont ils ne disposent pas la plupart du temps. De ce fait, une coopération entre pays pauvres et pays riches apparaît indispensable. Tout l’enjeu pour les pays riches est de parvenir à soutenir et accompagner les pays pauvres dans ces grands changements de société, pour qu’ils puissent trouver leurs propres solutions selon leurs spécificités locales.

Dans les pays émergents, la situation semble plus préoccupante selon les politiques familiales appliquées. En s’ouvrant aux économies de marché, les Etats perçoivent des opportunités de développement. Les marchés imaginent dans le même temps de futurs consommateurs et de nouvelles sources de profit potentiel. Et les populations aspirant à vivre selon le modèle occidental avec un niveau social plus élevé, sont globalement favorables à cette évolution. Evolution qui constitue un facteur d’aggravation important pour les prochaines années des émissions de gaz à effet de serre et du réchauffement climatique. D’autant plus que la plupart des pays émergents comptent des populations très élevées. Dans ce contexte, ces pays se retrouvent confrontés à un double enjeu politique pour limiter leur impact sur le réchauffement climatique : maîtriser leur évolution démographique et mettre en œuvre de nouvelles stratégies de développement autres que celles appliquées par le passé par les pays riches. Comme pour les pays pauvres, une coopération avec les pays riches semble nécessaire.

Les pays riches quant à eux semblent en première approche moins concernés par l’évolution démographique mondiale, dans la mesure où les taux de natalité y sont généralement relativement faibles et les populations relativement stables. Pour autant, comme tous les autres pays, ils seront eux-mêmes impactés à moyen terme par les conséquences de l’évolution démographique mondiale. De ce fait, ils ne peuvent rester indifférents à cette problématique. Ils ont un rôle majeur à jouer compte tenu de leurs moyens. Et cela d’autant plus, qu’ils sont eux-mêmes parvenus à maîtriser l’évolution de leurs populations par le passé.

Avec l’essor de la mondialisation depuis la fin du XXème siècle, la plupart des choses ont pris une dimension mondiale : le commerce, l’économie, la production, le capitalisme, la finance, le consumérisme, la pollution, le tourisme, le terrorisme, les conflits, la santé, l’accès aux ressources… Dans ce contexte, il semble bien que la maîtrise de l’évolution démographique n’échappe pas à cette règle. C’est la raison pour laquelle une coopération internationale entre pays riches, pays en émergence et pays pauvres apparaît aujourd’hui indispensable pour contenir l’augmentation exponentielle du nombre d’êtres humains vivant sur Terre.

Donner du sens

Pour tout projet de changement d’envergure, il est essentiel de clarifier le sens. Cela nous permet de nous projeter dans l’avenir avec des perspectives nouvelles à travers lesquelles nous puissions continuer à évoluer. Cela favorise aussi notre adhésion au changement proposé. Enfin, cela fédère nos énergies dans une même direction. Ce qui donne davantage de puissance et d’impact au mouvement engagé.

En 2015, dans le cadre de l’Accord de Paris, les Etats dans leur très grande majorité ont pris des engagements pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre, avec l’objectif commun de contenir le réchauffement climatique à 1,5°C au-dessus de la période préindustrielle. Depuis, quelques Etats ont même revus à la hausse leurs engagements pour pouvoir réduire plus rapidement leurs émissions. De nombreux Territoires s’inscrivent également dans cette dynamique, en se fixant eux-aussi des objectifs locaux pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre.

Dans ce contexte, des multinationales et des entreprises ont également révisés leurs stratégies pour s’inscrire dans cette nouvelle perspective. Certains ont défini de nouvelles orientations de développement au profit d’activités plus respectueuses de l’environnement. Des banques commencent également à s’orienter dans ce sens en se fixant des objectifs plus ambitieux en matière de financement de projets respectueux de la planète.

Dans la continuité de mouvements engagés depuis plusieurs décennies déjà, des Collectifs continuent à agir pour réduire notre dépendance aux énergies fossiles et au système économique mondial. Leur objectif est de contribuer à la construction de sociétés humaines qui puissent vivre sans énergie fossile. 

De tout temps, des êtres humains ont imaginé le monde de demain. Certains proposant des visions plutôt sombres, voire apocalyptiques. D’autres au contraire proposant des histoires davantage porteuses d’espoir, dans lesquelles les êtres humains parvenaient à surmonter leurs difficultés.

Dans son livre intitulé « Petit manuel de résistance contemporaine », Cyril Dion, réalisateur du film « Demain », insiste sur l’importance pour nous d’écrire et de partager nos visions du monde de demain. Outre le fait qu’elles nous permettent de nous projeter dans l’avenir, elles nous permettent surtout d’imaginer ce que nous aimerions vivre. Ce travail d’intériorité est fondamental. Imaginer intérieurement le monde de demain constitue une des premières étapes de la construction de ce monde. Tous les projets réalisés jusqu’à présent sur Terre ont toujours été imaginés, réfléchis, étudiés, préparés avant d’être mis en œuvre. Il ne peut en être autrement pour le changement auquel nous faisons face aujourd’hui pour limiter le réchauffement climatique.

Et nous, que souhaitons-nous vivre demain ? Que voulons-nous changer dans nos vies ? Quel sens souhaitons-nous donner à notre vie ? Qu’est ce qui pour nous est fondamental aujourd’hui ? Qu’est ce qui est prioritaire maintenant ?

Opérer les changements progressivement par étapes

Bien sûr clarifier le sens et indiquer la direction ne signifie pas que du jour au lendemain nous allons arriver à destination. Seuls quelques-uns d’entre nous peut être seront prêts pour opérer rapidement les changements attendus. Pour la grande majorité d’entre nous, nous évoluerons progressivement, par étapes successives selon notre rythme, notre vécu, notre perception, notre sensibilité, notre motivation, notre énergie, nos modes de vie, nos aptitudes, nos ressources...

Ce principe de changement est inhérent à la condition humaine. Il s’inscrit dans la continuité du principe d’évolution de la vie dont nous avons hérité. Tous, nous évoluons progressivement dans la vie, pas-à-pas, selon les changements qui interviennent autour de nous, qu’ils soient voulus ou non.

Chaque changement intervient avec son lot de pertes qui suscitent en nous, multiples émotions et sentiments désagréables : colère, peurs, tristesse, regret, culpabilité… Ces états caractérisent ce qu’on appelle le « travail » de deuil. Se laisser traverser par ces états et agir en conséquence, nous permet de retrouver un nouvel équilibre et un nouvel état de paix intérieur. Cela nous permet d’évouler progressivement vers davantage d’acceptation de ce qui est là présent. En réaction à ces émotions et sentiments désagréables, nous adoptons souvent de manière non consciente de multiples comportements qui nous permettent de les tenir à distance, de les atténuer ou de les étouffer. Certains se réfugient dans le travail, le sport, les jeux, le sexe, l’alcool, la drogue... D’autres choisissent de s’éloigner géographiquement. D’autres encore subissent la situation sans réaction... Toutes ces stratégies ont pour effet de bloquer nos cheminements intérieurs. Seul l’accueil et l’écoute de nos parts en souffrance, peut nous permettre de traverser ces périodes si difficiles à vivre et retrouver des états de mieux-être ainsi que des vies plus équilibrées. L’accueil et l’écoute de nos parts en souffrance nécessitent du temps. Un temps nécessaire à la transformation de nos états intérieurs et à l’assimilation de ce que nous avons vécu.

Personne ne peut échapper à ce principe de changement. Nous sommes tous amenés à traverser des deuils plus ou moins difficiles dans nos vies, depuis notre petite enfance jusqu’à la fin de nos jours. Et lorsque les processus de deuils restent bloqués à certains moments de nos vies parce que trop difficiles à traverser, ils sont susceptibles d’être réactivés avec davantage d’intensité dans le cadre de nouveaux changements vécus. Nous risquons alors de manifester des troubles physiques, psychologiques ou comportementaux plus profonds : maladies physiques ou psychosomatiques,  troubles cognitifs, violence psychologique ou physique, phobies, crise d’angoisses, dépression sévère… Pour éviter d’en arriver là ou pour retrouver un meilleur état de santé physique et psychique, l’écouter nos parts intérieures en souffrance est essentiel. Nous relier à ce que nous vivons intérieurement. Identifier ce qui nous manque, ce dont nous avons besoin. Clarifier nos aspirations dans le moment présent… L’écoute de nos parts intérieures est la porte d’accès pour contacter ce qui nous est essentiel. Elle peut parfois nécessiter le recours à des professionnels de la santé. Et cela d’autant plus que nous sommes très nombreux à ne pas avoir appris à nous écouter intérieurement.

Les changements induits par le réchauffement climatique, qu’ils soient voulus ou subis, nous expose ou nous amèneront inévitablement à vivre des deuils. Nous serons très nombreux à faire face à des pertes en tout genre : pertes de revenus, destruction de biens matériels, abandon de projets, décès de proches… Nos vies de demain seront inévitablement différentes de ce que nous avons déjà vécu.  Toutes ces situations auront un impact sur nos états intérieurs. Et selon nos capacités à accueillir et écouter ces états, nous réagirons de multiples façons. Certains seront en mesure de se reconstruire de manière équilibrée malgré la colère, la tristesse, le désarroi, les incertitudes, les peurs… Alors que d’autres dans le même temps, seront contraints de mettre en place des « béquilles », pour compenser autant que possible les déséquilibres induits et continuer à avancer malgré tout.

Ce qui est vrai à titre individuel l’est également à titre collectif. La plupart des Collectifs quelle que soit leur dimension, seront également exposés à d’innombrables pertes : diminution de la richesse produite, réduction des ressources alimentaires, raréfaction d’eau, augmentation de la mortalité…  De manière similaire à chaque individu, ils réagiront de différentes manières selon leurs capacités et leurs moyens. Certains s’engageront dans des conflits, avec violence même parfois. D’autres à l’inverse subiront ces changements sans aucune réaction. D’autres encore feront le choix de fuir... Et puis des Collectifs feront aussi le choix de s’adapter en agissant avec leurs moyens, selon ce qui leur paraît important, avec l’intention de faire au mieux. Aucun Collectif, aucun Territoire, aucun Etat, aucune multinationale, aucune entreprise n’échappera aux diverses réactions humaines suscitées par tous les changements à venir.

Elargir le champ des possibles

A chaque étape de notre évolution, nous faisons face à de nouvelles difficultés et de nouvelles problématiques. Certaines sont communes à une grande partie de l’humanité. D’autres nous sont plus spécifiques. Nous y réagissons de manière très diverses selon nos perceptions des situations,  nos regards sur nous-même, nos expériences passés et nos états intérieurs présents. Nous cherchons parfois à éviter les problèmes, préférant rester dans nos zones de confort sans remettre en question ni nos habitudes, ni nos repères. Et lorsque nous cherchons à résoudre nos problèmes, nous privilégions bien souvent des solutions ayant un impact minimum sur nos zones de confort. Il en est ainsi sur le plan individuel mais également sur le plan collectif.

Face à des difficultés et problématiques, nous raisonnons généralement en termes de solutions, tel que nous l’avons appris depuis notre enfance. Notre premier réflexe est de trouver des solutions. Nous sommes ainsi formatés. Par facilité la plupart du temps, nous imaginons et mettons en œuvre des solutions en nous appuyant sur nos savoirs, nos savoirs faire et sur nos expériences partagées, en nous inspirant de ce que font les autres. Même si les solutions que nous choisissons ne répondent pas complètement à nos attentes, nous nous en accommodons. Nous les adoptons. Nous les faisons nôtres. Les solutions ainsi trouvées prennent progressivement place dans le champ de nos habitudes sans que nous en ayons vraiment conscience. Ce faisant, nous ignorons un large panel d’autres solutions possibles. Et au fur et à mesure que de nouveaux problèmes se présentent à nous, nous reproduisons ce schéma en trouvant de nouvelles solutions sans remettre en question les précédentes, sans remettre à plat les problèmes qui s’accumulent. Ce mode de fonctionnement est en grande partie induit par notre fonctionnement psychique. Dès qu’un nouvel apprentissage ou un nouveau comportement est assimilé, nous avons la capacité de le reproduire d’innombrables fois sans en avoir vraiment conscience. Nous adoptons ainsi de nombreux réflexes et automatismes que nous activons de manière non consciente selon nos états intérieurs. Toutes ces réactions conditionnées ont pour effet de renforcer nos croyances et de nous enfermer dans nos zones de confort, limitant ainsi notre champ de vision des possibles. C’est ce qui explique en particulier le fait que pour la plupart d’entre nous, alors que nous observons les conséquences dramatiques du Systèmes sur l’environnement, nous ne changeons quasiment rien à nos modes de vie et à nos activités.

Ouvrir le champ des possibles implique de laisser libre court à notre imagination sans limite aucune. Dans un monde idéal sans contrainte, que ferions-nous ? Qu’aimerions-nous vivre ? Ouvrir le champ des possibles passe également par l’échange de nos idées, de nos représentations et de nos visions respectives. Dans la mesure où nous n’observons qu’une faible partie du monde réel depuis l’endroit où nous sommes, le partage de nos différents points de vue favorise dès lors l’ouverture de nos champs de vision. Il nous permet en particulier d’enrichir nos perceptions sur la base d’éléments factuels. Cette étape est fondamentale dans la mesure où elle nous permet de limiter les biais entre ce que nous percevons, ce que nous imaginons être et ce qui est réellement.

Dès lors que la problématique est plus précisément définie sous des angles élargis avec davantage de recul et de hauteur de vue, l’ouverture du champ des possibles ne peut véritablement être approchée qu’en faisant appel à un  lâcher prise. Il s’agit en particulier d’utiliser différemment nos capacités mentales. Ne plus les utiliser telles que nous avons l’habitude de procéder en recherchant des solutions dans l’immédiateté, mais les mobiliser et les centrer vers un seul but : porter tout notre attention et notre conscience sur tout ce qui est vivant à l’intérieur de nous : sensations ressentis physiques, émotions, pensées, sentiments... L’accueil, l’observation et l’écoute de nos états intérieurs est la seule voie possible pour mettre en lumière nos aspirations et nos besoins essentiels dans le moment présent. Mettre de la clarté sur tout ce qui est fondamental pour nous globalement dans le moment présent, est indispensable avant de rechercher toute solution quel que soit la problématique à laquelle nous sommes confrontés. Cette approche peut nous sembler étonnante, obscure voire ardue dans la mesure où peu d’entre nous avons appris à nous écouter intérieurement dès notre petite enfance. Il est vrai qu’il ne s’agit pas d’un principe d’éducation très répandu dans nos sociétés « modernes ». Pour autant, nous pouvons tous apprendre à nous écouter intérieurement. De nombreuses pratiques y contribuent, des pratiques héritées de nos ancêtres : méditation, yoga, qi qong, tai chi…

Après avoir clarifié la problématique et ce qui est fondamental pour nous dans le moment présent, il s’agit ensuite de laisser venir à nous des idées de solutions dans une posture là aussi de lâcher prise, sans rien chercher. Plusieurs idées peuvent alors émerger. Lorsque tel n’est pas le cas, nous pouvons faire le choix de nous accorder du temps. Les idées de solutions ne viennent pas toujours à nous instantanément. Charge à nous d’y être réceptif lorsqu’elles prennent forme dans nos pensées. D’où l’importance de porter notre attention sur nos états intérieurs et de vivre le moment présent le plus souvent possible en conscience.

Lorsque la problématique concerne tout un Collectif, quelles qu’en soient la nature et la dimension, l’ouverture du champ des possibles implique à ce stade une phase intermédiaire, préalable à l’émergence des solutions. Il s’agit pour toutes les parties du Collectif d’exprimer aux autres tout ce qui est fondamental pour chacune d’elles en regard de la problématique posée. Ce temps de partage permet alors à l’ensemble des parties de s’approprier globalement les aspirations profondes du Collectif. Dès lors que tout ce qui est fondamental pour le Collectif est clairement explicité et partagé, la phase d’émergence des idées de solutions peut alors être engagée. Comme dans l’approche individuelle, cette phase s’inscrit dans une forme de lâcher prise. Il s’agit pour le Collectif d’accueillir toutes les idées qui émergent de l’intelligence collective. Charge à lui ensuite de retenir quelques solutions concrètes, utiles et faisables selon les moyens dont il dispose. Des solutions qui lui permettent de cheminer dans le sens de ce qui est fondamental pour lui.

Cette approche fondée sur la confiance, l’écoute intérieure, le moment présent, le lâcher prise, l’ouverture de conscience, le partage, l’empathie, la coopération et la responsabilité favorise grandement l’ouverture du champ des possibles. Elle nous permet de nous enrichir mutuellement. Elle nous permet d’imaginer des solutions inattendues. Elle stimule nos élans de vie, nos dynamiques et nos énergies dans un sens commun orienté vers nos aspirations profondes.

Choisir, s'engager, agir, expérimenter

Après avoir imaginé une ou plusieurs solutions concrètes, utiles et faisables avec les moyens dont nous disposons, l’étape suivante consiste à exercer notre part de responsabilité : choisir. Il est alors important de choisir des solutions qui soient à notre portée. C’est-à-dire, des solutions qui nous paraissent faisables selon nos moyens et dans des délais acceptables.

Après avoir choisi des solutions, il s’agit ensuite de décider de nous engager dans leur mise en œuvre : agir, oser, expérimenter. Ce processus est le même que nous réalisions seul ces solutions ou que nous la réalisions à plusieurs dans le cadre de Collectifs, quel qu’ils soient.

En cas de difficultés pour concrétiser des solutions, en particulier lorsque nous nous sentons bloqués ou lorsque nous avons l’impression de ne pas avancer, il est important de revenir à l’étape précédente et de revisiter le champ des possibles. Peut-être que les solutions que nous avons retenues représentent des « marches » trop hautes à atteindre ? Peut-être devons-nous envisager de nouvelles solutions davantage à notre portée ?

C’est une réaction courante chez les êtres humains ! Nous avons une fâcheuse tendance à nous fixer des objectifs trop ambitieux voire inatteignables. Cette tendance est fortement favorisée par la culture de performance et de compétition dans laquelle nous vivons aujourd’hui. Lorsque tel est le cas, nous restons bloqués, dans l’impossibilité d’avancer.  Nous avons du mal à renoncer à nos objectifs par peur des conséquences que cela pourrait avoir. Renoncer est bien souvent perçu comme une forme d’échec bien difficile à assumer. Nous voulons être à la hauteur ! De ce fait, nous préférons bien souvent reporter pour demain ce que nous n’avons pas réussi à faire aujourd’hui. Le problème, c’est que nous stagnons en raison d’objectifs hors d’atteintes.

C’est peut-être ce qui se joue actuellement à l’échelle mondiale concernant la mise en œuvre de l’Accord de Paris. Aujourd’hui seule une partie des Etats s’est véritablement engagée dans un programme d’actions avec l’intention de respecter leur engagement. Mais globalement, les résultats obtenus à ce jour sont loin de s’inscrire sur la trajectoire des engagements déclarés en 2015. Peut-être ceux-ci sont-ils trop ambitieux pour certains pays, quand bien même il y a urgence ? Peut-être pourraient-ils être revus partiellement à la baisse ?

Avancer progressivement en franchissant de « petites marches » successives, jour après jour, mois après mois, années après années, apparaît largement préférable à une trajectoire prédéfinie avec de grandes « marches » infranchissables. Face à une problématique quelle que soit sa dimension, il est en effet préférable d’évoluer progressivement pas-à-pas, à son rythme et selon ses moyens plutôt que de rester bloqué en subissant les effets négatifs de la situation. Par ailleurs, le chemin emprunté pour résoudre une problématique, peut être très sinueux. Il peut nous conduire à passer par des étapes que nous n’aurions jamais imaginées au préalable.

Les solutions peuvent aussi s’avérer difficiles à mettre en œuvre en raison de l’ampleur de leurs dimensions, en particulier lorsqu’elles mobilisent la coopération de nombreux Collectifs pour les mettre en œuvre. Dans ce cas, il apparait souhaitable de les décomposer en plusieurs sous-solutions en veillant à ce que chacune d’elles soit concrète, utile et faisable. De telles organisations nécessitent des coordinations pour pouvoir in fine concrétiser les solutions finales attendues.

Après avoir mis en œuvre des solutions retenues, il est aussi possible que les résultats obtenus ne répondent pas à nos attentes. Nous pouvons alors nous accommoder des situations vécues en cherchant à leur apporter quelques améliorations. Nous prenons alors le risque de rester plus ou moins bloqués dans des situations qui ne répondent pas vraiment à nos aspirations. Situations qui  auront tendance à induire en nous des états désagréables : irritation, déception, inquiétude, lassitude… Situations qui pourront nous amener à manifester divers comportements de défense : replie sur nous-mêmes, agressivité, évitement… Ou bien, comme précédemment, nous pouvons aussi faire le choix de revenir aux étapes précédentes, réinterroger ce qui est vraiment fondamental pour nous, revisiter le champ des possibles et décider de nouvelles solutions. Une telle attitude implique de notre part, de nous autoriser le droit à l’erreur pour pouvoir apprendre de nos expériences et évoluer selon ce qui fait sens pour nous. Une attitude qui peut aussi susciter autour de nous peurs et jugements vis-à-vis de l’ « échec ». De ce fait, selon l’importance que nous accordons aux regards des autres, lorsque nos résultats ne sont pas conformes à nos attentes, nous pouvons préférer les taire plutôt que de les partager de façon authentique par peur des jugements qu’ils pourraient déclencher.

Lorsqu’au contraire les résultats que nous obtenons répondent vraiment à nos aspirations, des états intérieurs agréables nous traversent. Nous nous sentons enthousiastes, apaisés… Nos élans de vie sont stimulés. Nous ressentons de l’énergie en nous. Nous nous sentons plus libres, plus ouverts, plus créatifs… Nous sommes plus enclins à cheminer, à nous engager, à oser, à expérimenter et à franchir de nouvelles étapes guidés par ce qui nous est fondamental.

Nous sommes capables de beaucoup plus que nous pouvons l’imaginer dès lors que nous nous connectons à ce qui nous est essentiel, dès lors que nous cheminons dans le moment présent dans ce sens… L’écoute intérieure de nos états intérieurs et de nos aspirations profondes nous permet de mieux nous connaître. La mise en mouvement vers ce qui fait sens pour nous, stimule nos élans de vie et nos énergies. Nous ressentons davantage d’états de bien-être : enthousiasme, joie, fierté… Nous devenons capables de repousser nos limites, de sortir de nos zones de confort, de dépasser nos peurs, de réaliser nos rêves… Nous nous sentons vivre pleinement. Nous sommes plus aptes à accueillir la nouveauté, à nous ouvrir, à partager, à nous enrichir mutuellement, à adopter de nouveaux points de vue, à prendre de la hauteur, à coopérer, à nous libérer, à exercer nos parts de responsabilité, à choisir, à nous mettre en mouvement, à expérimenter, à apprendre, à nous réaliser, à nous remettre en question… Nous parvenons progressivement à nous libérer de nos peurs : peur de l’inconnu, peur d’être déçu, peur de nous tromper, peur de ne pas réussir, peur de ne pas être à la hauteur, peur de l’avenir, peur du regard des autres… Ce faisant, nous renforçons ainsi notre confiance en nous ainsi que l’estime que nous avons de nous-même. Nous nous autorisons à nous affirmer tels que nous sommes, avec authenticité. Nous nous autorisons à nous laisser être nous-mêmes, des êtres singuliers qui cheminent, se réalisent et  s’épanouissent, en lien avec leurs états intérieurs, guidés par leurs aspirations profondes.

Cette posture fondée sur l’écoute intérieure et la clarification de ce qui est fondamental pour nous-même dans le moment présent, est de nature à favoriser l’ouverture du champ des possibles en regard des problématiques auxquelles nous sommes confrontés. Pratiquée en groupe, elle permet d’accéder à un champ des possibles encore plus vaste grâce à l’intelligence collective mobilisée, au partage et à la coopération. Concernant la problématique du réchauffement climatique, elle peut être appliquée à tous les niveaux : individuel, collectif, territorial, régional, national, international et mondial.

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